L'incroyable voyage d'un sommelier tome 2 : Turquie et Géorgie
Guillaume Perdigues, ancien sommelier du Relais Bernard Loiseau, partage avec nous quelques-uns des souvenirs marquants de son long voyage entre Strasbourg et Bangkok. Des photos, des anecdotes... Marchez dans ses pas et ceux de Vanessa Mapp, sa compagne.
Difficile de choisir une seule photo pour définir les cinq semaines de notre séjour en Turquie...

Celle-ci, prise à Göreme, est particulière car cette région est connue pour ses balades en montgolfière afin de vivre intensément le lever du soleil. Faute d'un budget à la hauteur (250 $ pour deux passagers...) nous avons préféré nous lever vers 4 heures et marcher dans la nuit jusqu’au sommet d’une colline pour admirer le spectacle coloré qui s’offrait à nous. Les paysages sont d’une beauté incroyable en Cappadoce.
La Turquie restera l'une de nos étapes favorites. On pourrait y rester des années sans jamais manger la même chose. La région de l’Assyrie, connue aussi sous le nom de Syriac, est celle qui assure la production de vin entre les villes de Mardin et Midyat. La culture du vin a toujours été importante à cause de la présence de monastères dans cette région. La marque la plus connue et présente partout dans les boutiques c’est Shiluh qui produit du blanc et du rouge. Je me souviens surtout du Öküzgözü un cépage rouge.
Là, nous étions au Kurdistan, à 1 km seulement de la frontière Syrienne.

En 2015, au Relais Bernard Loiseau à Saulieu, j’avais organisé des visites pour un couple de vignerons géorgiens propriétaires du Lukasi winery. A l’époque, je savais tout juste où se trouvait ce pays ! Qu'importe, j’avais préparé leur programme avec beaucoup de soin, leur permettant de visiter les domaines qu’ils souhaitaient. À la fin de leurs séjour à Saulieu, ils m’avaient invité à me rendre chez eux si un jour je passais par là...
Quatre ans après, j'arrive effectivement en Géorgie et je leur passe un coup de fil. Ils se souvenaient de moi ! Du coup, ils ont organisé une rencontre chez eux à Tbilissi. D’une gentillesse inégalable les Géorgiens ! Ils nous ont permis de goûter leurs vins issus d'une exploitation à taille humaine, cinq hectares seulement. Leur vin phare c’est le Saperavi family réserve dans la région minuscule de Mukuzani. Ils pratiquent un travail parcellaire avec respect de l’environnement, un enjeu très important pour eux.
J'ai aimé cette cuvée issue du Saperavi. C'est le cépage rouge emblématique de la Géorgie (et de l'Azerbaïdjan aussi !), il donne des vins avec une identité forte et beaucoup de tempérament mais sans dureté. Cette cuvée est traitée à la vinification comme les vins classiques français avec élevage sous bois et sulfitage léger. Du coup ça vieillit super bien ! Quand on ouvre une bouteille de Saperavi, on goûte une histoire en même temps qu’un vin. On apprend la méthode géorgienne de boire du vin : personne ne boit tant que le maître de table n’en donne pas l’autorisation. Quand on boit, c’est d’une traite ou alors il faut attendre une autre autorisation de la part du maître de table. C’est très amusant ! On boit une gorgée de vin toujours en portant un toast (à la famille, aux amis, aux proches décédés, etc.) on ne consomme pas le vin juste pour boire, il y a une symbolique à respecter.
J’ai ensuite passé une semaine dans une ''free house''dans la région de Kakheti pour profiter de la découverte des vignes et surtout goûter les vins. Une ''free house'', c’est particulier. C’est une maison ouverte à n’importe qui pour y dormir. On pourrait dire un squat en france, mais c’est plus positif ici. Tu prends (sans te soucier de l’hygiène...) n’importe quel lit, tu dors, la cuisine est à disposition, etc.
Une fois ton séjour terminé, tu déposes si tu le désires quelques pièces dans une boîte. Tout le monde jouait le jeu, ça créait de belles rencontres humaines avec des gens différents de nous.
A suivre.