Un château restauré avec goût et une table qui n'en manque pas !
Il t a dix ans, le lieu menaçait ruine par endroits. Aujourd'hui il est devenu un hôtel quatre étoiles et un restaurant gastronomique. Photo JB
On sait que dans la vie, un coup de foudre peut vous faire faire beaucoup de choses sans réfléchir. Loin d'imaginer cela de la part d'Eric Mauz, un ingénieur des ponts et chaussées spécialisé dans la construction. Pourtant, c'est bien parce qu'il a ressenti un vrai coup de coeur pour le château de Pondres qu'il en a fait l'acquisition en 2006 auprès du conseil général du Gard et qu'il a entrepris de le restaurer.
Dix ans après le début des travaux, la majestueuse bâtisse, entourée par un parc de 15 hectares, est devenue un hôtel quatre étoiles agrémenté d'un restaurant aux accents gastronomiques. Tout cela à Villevieille, près de Sommières, à égale distance de Nîmes et de Montpellier. Dix chambres pour commencer, des salons de séminaire et un restaurant constituent la première étape. Dans un an, le moulin en cours de restauration offrira douze chambres et suites de plus, une piscine, un spa et un bar destiné à servir de vitrine à la production viticole régionale donneront une nouvelle dimension.
Thierry Michel aux commandes d'un restaurant très prometteur
Si la partie hébergement accueille des clients depuis le début du mois de mai, le restaurant n'a ouvert ses portes que le 1er juillet. Et pendant les deux mois de la pleine saison, il n'était ouvert qu'au dîner. Une période de prise de repères pour le chef Thierry Michel et toute l'équipe qui l'entoure. Il n'a fait qu'un saut de puce, puisqu'il est basé à Sommières depuis plusieurs années. D'abord dans le cadre d'une entreprise familiale, L'Auberge du pont romain, puis au sein de la brasserie Chez Tibère créée avec son frère Frédéric, lui même pâtissier. "Nous travaillons toujours ensemble, je signe les plats de la brasserie et lui les desserts du château. Ici, je veux plus qu'ailleurs encore afficher mon attachement au terroir languedocien autour d'un menu carte qui se présente sous trois déclinaisons différentes avec des tarifs de 32 €, 38 € et 52 €." Et sans supplément on profite du décor majestueux de la cour d'honneur ou de la salle voûtée qui accueille aussi le petit-déjeuner.
Raisonnable et surtout prometteur. En guise d'entrée, on pouvait ce soir-là se rafraîchir avec les "Tomates anciennes du pays, Mozzarella AOP, pesto de basilic, crumble d’olives noires". Puis apprécier la précision de la cuisson du poisson avec un "Pavé de lieu jaune rôti, Blanc-manger de brandade, poireau réglissé, sucs de cuisson à l’huile d’olives de Villevieille". Enfin, bien dans le ton, le dessert au menu "Cristalline de fraise, Madeleine pistache, fraises aux jus, mousse au chocolat blanc, sorbet fraise mentholé", concluait une belle première expérience.
Le produit avant la mise en scène
Concentrée, la carte des vins affiche quelques valeurs sures mais ne demande qu'à s'étoffer dans une région où les jolies surprises ne manquent pas et méritent donc d'être mises en valeur. Mais on trouve déjà ce qu'il faut pour réussir d'agréables accords mets-vins, à l'image de la cuvée Les Marnes du Mas Granier tout proche.
"Ici, explique encore le chef de cuisine, je suis revenu dans le registre gastronomique, c'est un bel enjeu et un vrai plaisir. Je suis heureux dans ma cuisine, le propriétaire me fait confiance, c'est une chance, et il a mis à notre disposition tous les jouets dont je rêvais... Je suis sensible à la mise en scène de la table et du service et j'ai vraiment les moyens d'y parvenir. Mais l'essentiel, c'est le produit, c'est lui qui guide ma carte. Je lui donne un petit aspect moderne tout en ayant un pied dans la tradition et un autre dans le beau."
Le temps dira sans doute si cette table peut nourrir de réelles ambitions dans un secteur qui a besoin d'un leader gourmand.
Le chef Thierry Michel prend ses marques en cuisine tout en laissant entrevoir un réel potentiel. Photos JB